Neolink : Co-construction de parcours tout au long de la vie

Concept de prise de décision.

Alors que les applications de coaching personnel sont désormais omniprésentes, la co-construction de parcours personnels tout au long de la vie est largement négligée, bien qu'elle soit présente pour l'apprentissage en ligne, les soins de santé, le retour à l'emploi, les soins à domicile des personnes âgées, etc. La modélisation de la co-construction générique de parcours de vie est faisable puisque ces situations partagent de nombreuses propriétés. Nous contribuons à la problématique avec un modèle générique pour la co-construction de parcours de vie applicable dans un large éventail de situations. Notre modèle prend en charge les interactions entre deux acteurs principaux, le conseillé et le conseilleret comprend les aspects spécifiques clés du parcours de vieNous décrivons les éléments suivants : l'objectif à long terme du conseiller, l'évaluation multidimensionnelle de la trajectoire du conseiller (éducative, professionnelle, financière, médicale, etc.), le guidage via des conseils qui influencent les étapes du parcours. Nous décrivons également un système de guidage pour soutenir la co-construction, en s'appuyant sur le modèle proposé. Pour illustrer cela, nous détaillons l'utilisation du système de guidage, pour aider le travail du conseiller à guider le conseiller vers son objectif.

Contexte

Saisir et modéliser l'évolution d'une personne coachée selon plusieurs dimensions éventuellement indépendantes est de première importance dans de nombreuses situations de la vie réelle.

  • Le secteur des soins de santé est un cas typique : les diagnostics sont établis avant que les médecins ne conçoivent la prise en charge des patients et ne suivent leur santé sur une période potentiellement longue.
  • Dans le contexte de l'e-learning, la modélisation offre une vue complète des états d'acquisition des compétences et des connaissances des apprenants inscrits à différents cours. Ainsi, il est possible d'établir des programmes d'études personnalisés, basés sur les évaluations préalables de l'apprenant et sous la direction d'un personnel enseignant.
  • Quant au domaine du maintien à domicile des personnes âgées, il concerne jusqu'à 15 millions de personnes âgées de 60 ans ou plus en France. Pour aider au maintien de l'indépendance, de l'autonomie, de la mobilité ou des capacités cognitives, des actions préventives sont mises en place, comme des programmes d'entraînement personnalisés basés sur un diagnostic de leurs conditions médicales et sociales.
  • Autre exemple : l'aide aux demandeurs d'emploi qui concerne 2,06 millions de bénéficiaires à faibles ressources en 2020 en France peut vouloir modéliser les bénéficiaires selon des dimensions sociales, professionnelles, médicales ou éducatives.

L'objectif principal est de fournir le meilleur soutien combiné qui améliore l'intégration sociale ou la situation financière des bénéficiaires sur la base d'une analyse préalable de leurs diplômes, de leurs expériences professionnelles passées, des données sociales sur le logement, la famille ou l'état de santé.

Diagramme d'activité pour la co-construction d'un parcours de vie.
Figure 1 : Schéma d'activité pour la co-construction d'un parcours de vie

Alors, quels sont les points communs à tous ces scénarios ?

  1. La personne dont l'évolution est considérée, appelée ci-après le conseillerqui a un objectif à long terme;
  2. L'entité chargée de soutenir et d'aider les conseillers à atteindre leurs objectifs, appelée le conseiller,
  3. A diagnostic qui définit la situation actuelle du conseiller en ce qui concerne différentes dimensions (par exemple, santé, finances, profession, éducation, etc.), en lien avec ses objectifs

Comme le montre la figure 1, un conseiller représente l'entité chargée de diagnostiquer et de suivre périodiquement les progrès du conseiller en fonction des actions entreprises dans toutes les dimensions au fil du temps, ces dernières formant le "profil" du conseiller. trajectoire de vie.

Modélisation d'un parcours de vie

Dans cet article, nous nous intéressons à la modélisation d'une parcours de vie. Par parcours de vie, nous considérons un ensemble d'étapes constituées d'actions adaptées entreprises par un conseiller et le mécanisme de co-construction sous-jacent, participant à l'évolution de la trajectoire de vie de ce conseiller.

Un parcours tout au long de la vie implique plusieurs acteurs tels que le conseiller, le conseiller ou toute autre partie prenante impliquée dans le parcours. co-construction, en réalisant objectifs et objectif à long terme de la personne conseillée.
Comme notre expérience avec les données d'assistance aux demandeurs d'emploi suggère queIl est donc nécessaire de soutenir le conseiller dans l'exploration fastidieuse de toutes les combinaisons d'actions à proposer à un conseiller. Ce modèle de cheminement tout au long de la vie sera une pierre angulaire dans le développement d'un système intelligent qui aidera le conseiller à identifier les actions pertinentes. Par exemple, ce système pourrait être un système de recommandation qui mettrait en œuvre des activités dans la couche d'orientation. (Figure 1).
Bien que de nombreux travaux aient été réalisés, il n'existe pas encore de modèle générique capable de représenter la richesse nécessaire aux situations mentionnées ci-dessus.
De toute évidence, si la conception d'applications de co-construction de parcours de vie peut être menée sans un tel modèle, la formalisation de lignes directrices avec une modélisation conceptuelle du domaine stimulera les recherches ultérieures et aidera à la compréhension, la normalisation, la réutilisation et le partage des meilleures pratiques autour de ce phénomène. Par exemple, dans notre cas d'utilisation de l'assistance aux demandeurs d'emploiNous avons remarqué qu'une grande variété de plateformes sont utilisées dans différentes régions, partageant seulement quelques concepts et besoins communs. Cependant, la quantité de données, de technologies et de processus administratifs rend la conception de ces applications fastidieuse et leur interopérabilité difficile. Des directives formelles faciliteront le développement, la maintenance et l'interopérabilité de ces applications autour de mécanismes communs tels que la recommandation de chemins d'accès intersystèmes.

Cependant, cela nécessite l'introduction de différentes parties prenantes, les plus importantes étant le conseiller et le bénéficiaire, la spécification d'un objectif à long terme, et l'intervention d'un agent intelligent pour aider à co-construire des parcours de vie.

Exigences

Le modèle doit représenter :

  1. A trajectoire humainele modèle doit être adapté à la description de l'évolution d'une personne principalement à travers des dimensions sémantiques, et éventuellement sur une longue période de temps.
  2. A objectif à long termeLa construction du parcours est guidée par un objectif à long terme (par exemple, trouver un emploi, traiter une maladie) qui correspond à des jalons dans le parcours. Chacune d'entre elles peut être définie comme objectif, pour permettre le suivi de l'évolution d'un conseiller via un diagnostic, à des fins d'analyse ou de suggestion (par exemple, étude urbaine ou démographique, maintien à domicile, recherche d'emploi).
  3. Multidimensionnel et facteurs multi-granulairesLe modèle doit permettre de comprendre comment la trajectoire est influencée par des facteurs internes et externes, structurés autour de dimensions liées au cas d'utilisation (par exemple, la santé, la résidence ou l'éducation) et à différents niveaux de granularité (par exemple, temporel, géographique ou lié à l'activité) pour tenir compte de la difficulté de caractériser précisément les données relatives aux situations humaines.
  4. Voie d'accès co-constructeurs et influenceurs : différents acteurs, avec des objectifs différents, qui participent et impactent la construction du parcours. Le conseillé, le conseiller et les acteurs externes (prestataires de services, institutions de financement, etc.) doivent concilier leurs objectifs et peuvent exprimer des contraintes susceptibles d'infléchir la trajectoire.

Le modèle de parcours de vie

La figure 2 donne un aperçu fonctionnel de notre modèle. Il comprend 4 composants représentant les quatre couches de la figure 1. Le site Composante de la trajectoire est chargé de fournir et de mettre à jour le profil du conseiller. Le site Composante d'évaluation fait référence à l'évaluation du conseiller en analysant la trajectoire de l'individu. Il en résulte la génération d'un ensemble d'objectifs pour le conseiller. Le site Composante d'orientation utilise ces objectifs pour fournir des conseils au conseiller. Enfin, le Composante de la voie utilise des conseils avec lesquels le conseiller est d'accord, pour construire une séquence d'étapes. Ces étapes ont un impact sur les trajectoires de la personne conseillée, entraînant de nouveaux épisodes et événements. L'achèvement du parcours est déterminé par un diagnostic final, lorsque l'objectif à long terme est atteint.

Diagramme des composants.
Fig. 2. Diagramme des composants

Reprenons la figure 1 : la première étape du processus de co-construction globale consiste à établir un bilan. Celui-ci est basé sur les trajectoires de la personne conseillée. Ensuite, un diagnostic est établi. Un objectif à long terme et une série d'objectifs pour l'atteindre sont ensuite définis. Le conseiller formule des conseils pour atteindre les objectifs, conseils validés également par la personne conseillée. Une fois approuvés, les conseils sont transformés en étapes du parcours de vie. Ces étapes sont franchies par la personne conseillée, qui met à jour ses trajectoires.

Automatisation des tâches du conseiller : le système d'orientation

Comme expliqué ci-dessus, une partie du travail du conseiller peut être automatisée. Pour illustrer une utilisation pratique de ce modèle, nous décrivons un système de guidage pour soutenir le travail du conseiller dans l'établissement d'un diagnostic et la formulation d'un conseil à l'intention de la personne conseillée. Nous tirons parti de ce cas d'utilisation d'assistance aux demandeurs d'emploi et de notre version préliminaire d'un tel système exposée dans un de nos articles précédentspour illustrer le système de guidage envisagé.

Système de guidage générique.
Fig. 3. Système d'orientation générique

La figure 3 illustre le modèle d'un système d'orientation générique. Ce modèle formule différents types de conseils : soit des actions futures pour aider le conseillé dans son cheminement vers son but (conseil Action), soit des éléments pour aider le conseiller dans l'évaluation du conseillé et de son cheminement (conseil Diagnostic ou conseil Objectif). Lorsqu'il propose un conseil d'action, le système choisit parmi les actions proposées par des acteurs externes celles qui correspondent le mieux aux objectifs fixés pour le conseiller. Cette sélection est faite en tenant compte des données des composantes Trajectoire, Cheminement et Evaluation. Les mêmes données peuvent être utilisées pour suggérer des conseils sur l'objectif du diagnostic. Par exemple, le diagnostic peut être établi sur la base des diagnostics d'anciens conseillers ayant des trajectoires et des objectifs à long terme similaires, ou sur la base des étapes entreprises et ratées par le conseiller.

Exemple 1. Prenons le cas d'une personne conseillée nommée Alice, dont l'objectif à long terme est de trouver un emploi à temps plein. Sa trajectoire montre qu'elle vit dans une petite ville, qu'elle a un jeune enfant et qu'elle n'a pas de permis de conduire. Il y a une première offre d'emploi dans la ville où elle vit, mais pour laquelle il est nécessaire d'avoir un véhicule, et deux offres d'emploi dans une ville éloignée, une qui est proche d'une garderie et une autre qui correspond davantage à ses qualifications. Si les notions de diagnostic, d'évaluation et d'objectifs ne sont pas distinguées, et que les trajectoires ne sont que grossièrement définies, seules des probabilités simples basées sur l'ensemble des conseillés peuvent être exprimées pour formuler des conseils. Dans ce cas, le système d'orientation suggérera, par exemple, la demande d'un nouveau diplôme, qui est le conseil le plus populaire parmi les anciens conseillers, tandis que d'autres conseils, comme l'inscription à un service de bus entre les deux villes, seront négligés.

Tirer parti du modèle de co-construction du parcours de vie

Dans le cas d'utilisation des demandeurs d'emploi, le système d'orientation recommande des projets professionnels aux bénéficiaires du revenu de solidarité française. Il prédit principalement la relation entre l'évaluation et les actions du conseiller au sein des parcours observés pour recommander des actions complémentaires. Comme expliqué ci-dessus, il ne prend pas en compte l'objectif à long terme du conseiller (par exemple, être recruté pour un emploi précis) ou une notion plus fine du parcours comme une séquence d'étapes. Notre modèle de parcours de vie explicite les trajectoires, les parcours, les diagnostics et les objectifs attachés à un objectif à long terme pour chaque conseiller. De cette manière, il permet de représenter l'historique des éléments proposés à chaque conseiller et le niveau de réussite par rapport à leur objectif à long terme. Grâce à ce modèle, de nouveaux scénarios d'orientation peuvent être envisagés, conduisant à des conseils plus précis.

Par exemple, au lieu de prédire pour chaque action si elle doit être ajoutée ou non au parcours d'un conseiller, de simples techniques de filtrage collaboratif pourraient être mises en œuvre. En exploitant les informations sur les parcours, une matrice utilisateur-article peut être construite à partir de la relation conseiller-action des parcours et les mécanismes classiques du système de recommandation peuvent être déployés. Pour permettre des recommandations directes par paquet, l'objectif à long terme, ainsi que les objectifs plus spécifiques qui suivent l'évaluation, aideront à déterminer un sous-ensemble d'autres parcours de conseiller pour choisir des actions pertinentes. Dans ce cas, en suivant les principes de la recommandation par les plus proches voisins, il faut concevoir de nouvelles mesures de similarité entre les objectifs, les trajectoires, les parcours ou les buts à long terme.

L'orientation pourrait également tirer parti de la relation conseiller-objectif ou conseiller-diagnostic. Dans ce cas, conseiller et conseillé ne s'accordent pas directement sur les actions à mener mais plutôt (i) sur la sélection d'objectifs pertinents parmi un ensemble d'objectifs qui peut être très large ou (ii) sur la définition d'un nouveau diagnostic pour rechercher des objectifs complètement nouveaux. Puisque le modèle permet maintenant une description riche des conseillers et des actions fournies par des acteurs externes, la détermination de la pertinence d'une action pour un conseiller peut s'appuyer sur des mesures de similarité plus complexes basées sur différents espaces conceptuels représentant les actions et les parcours, les trajectoires (épisodes, événements, etc.), les évaluations et les bilans. Comme dans tout système de guidage, les acteurs n'utiliseront le système que s'ils lui font confiance. C'est le problème tendance de l'explicabilité à tout système de recommandation. Une façon de renforcer la confiance est de proposer des éléments de discussion, ou des exemples qui justifient le choix de tel ou tel conseil à tel ou tel conseiller. À cet égard, notre modèle permet d'accéder à des exemples (d'autres personnes conseillées et de leurs parcours, trajectoires et objectifs à long terme) ou à une description riche d'actions, d'épisodes ou d'événements dans la trajectoire de la personne conseillée qui pourraient servir d'espace interprétable sur lequel une explication formelle peut être apprise.

Exemple 2. En poursuivant le scénario de l'exemple 1, illustré par la figure 4, un système de guidage mettant en œuvre le modèle de co-construction formulera des conseils comme suit. Tout d'abord, la trajectoire d'Alice est évaluée. A partir de l'évaluation faite, le système propose un diagnostic où il apparaît que la situation de mobilité d'Alice est critique et doit être traitée en priorité. Le système peut également formuler l'objectif d'améliorer sa situation de mobilité, et suggérer des conseils d'action pour obtenir un permis de conduire afin de postuler à un emploi dans la ville où elle vit. En outre, avec une description fine des trajectoires des personnes conseillées, le système d'orientation peut baser ses conseils sur la similarité de la trajectoire d'Alice avec celles des personnes conseillées précédemment et suggérer des conseils d'action comme postuler pour le travail dans la ville éloignée, utiliser un service de bus entre les deux villes et la garderie de cette ville. Ces informations stockées dans la trajectoire d'Alice pourraient éventuellement servir à expliquer pourquoi elle a postulé pour un emploi dans une ville éloignée.

Représentation graphique du parcours d'Alices

Fig. 4. Représentation graphique du parcours d'Alice - Exemple 2.

La figure 4 utilise le code couleur des diagrammes. Le site parcours se compose de 3 étapesavec 3 trajectoires composé de épisodeschaque évalué en termes de criticité (étoiles vertes). La voie évolue avec le actions en suivant les suggestions du système d'orientation.

En conclusion

Nous travaillons actuellement sur un système d'orientation générique implémentant le modèle de co-construction. Nous allons l'expérimenter dans deux contextes pour lesquels nous disposons déjà de données : le retour à l'emploi et l'accompagnement des personnes âgées. Comme nous l'avons expliqué, l'un des principaux défis sera de renforcer la confiance que le conseiller aura dans le système d'orientation.

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